Le nœud de huit dans le baudrier, dégaines, mousqueton, longe. Parfait.
“Tu veux checker avant de partir ?”
Évidement que je vais checker avant de partir. Clic clic clic clic, son mousqueton est bien vissé, et elle a mis la corde dans le bon sens dans l’assureur.
“Parfait Camille, j’y vais !”
Deux bonnes prises de main, un pied, deux, puis une autre prise de main. Voilà je suis en équilibre. J’accroche la dégaine sur le spit, et je clippe la corde dedans dans le bon sens. Je la sens bien cette voie. J’adore l’escalade.
Bon elle est où la prochaine prise de main ? Non mais ça ne tient pas ce petit machin là. Y a forcément autre chose. Ah non y’a rien d’autre. Faut que je pousse avec le pied, mais ça ne va jamais tenir. Je déteste l’escalade, putain, je vais tomber.
Je tiens à peine, faut que je mette ma dégaine et que je clippe. Mais merde, je tire sur la corde comme un taré et Camille ne me donne pas de mou. Putain je vais tomber, qu’est-ce qu’elle fout ! Je tire à bout de bras et je clippe.
“Camille, Sec !”
Vite putain ! C’est pourtant pas compliqué, elle va pas me faire ça à chaque dégaine quand même j’espère
Ah c’est bon ça tient. Elle gère trop bien. Et j’adore l’escalade.
“Ça va Julien ?”
“C’est parfait Camille !”
Quoi ? Il est si loin le troisième spit ? Non mais ça va pas ! Je déteste l’escalade ! Julien, s’il est si loin c’est forcément que le mouvement est facile et safe.
Mais si je tombe, avec ses 1m53 et maxi 45kg elle ne va jamais arrêter ma chute ?
Julien, elle est tellement flippée, qu’elle a déjà le pied collé à la paroi pour ne pas bouger.
Et si elle lâche la corde hein ?
Julien, aucun risque, c’est un assureur autobloquant.
Et s’il ne l’était pas parce que c’est du vieux matériel à l’UCPA ?
Julien, ça fait trois jours qu’elle t’assure et elle n’a jamais lâché la corde.
Ah mais en fait il était super facile ce move, c’est presque une marche, le clippage le plus simple de la voie ! Julien, tu as bien fait de pas hésiter et d’y aller sans te prendre la tête. J’adore l’escalade.
Bah y a encore plus de prise de main. Ça ? non. Ça ? non plus. Putain c’est quoi cette voie de merde. Je commence à fatiguer, fais chier, je déteste l’escalade.
“Hey coucou Juliengue”
Ah y à Pauline sur la voie d’à côté. Elle me soule tellement avec son accent marseillais à la con celle-là, je la supporte plus.
“Regarde Juliengue, juste à ta gauche y a une réglette”.
Ah oui, et elle tient super bien en plus. Ça y est, dégaine clippée. C’était trop cool ce move, j’adore l’escalade ! Et j’adore Pauline, elle est vraiment top cette fille, et elle est trop douée.
Merde il fait flipper le mur jusqu’au prochain spit. Mais qu’est-ce que je fous la? Quel enfer ! Pourquoi est-ce que je ne suis pas resté en moulinette tout simplement ? En fait c’est décidé, j’arrête ces idées débiles d’escalade en tête, et je ne fais plus que de la moulinette.
Ah et si j’essayais comme ça ? Putain Camille donne moi du mou, j’arrive pas à tirer sur la corde bordel !
“Du mou s’il te plait Camille”
Ça y est dégaine clippée. C’était trop cool ce move ! Qu’est-ce que j’adore l’escalade en tête, que du bonheur !
Bon le relais est juste au-dessus. Mais pourquoi est-ce qu’il y a toujours une telle distance entre le dernier spit et le relai ?
C’est hyper dangereux.
Si je tombe là, je fais une méga chute.
Et si je tombe, avec ses 1m53 et maxi 45kg elle ne va jamais arrêter ma chute ?
Julien, elle est tellement flippée, qu’elle a déjà le pied collé à la paroi pour ne pas bouger.
Et si elle lâche la corde hein ?
Julien, aucun risque, c’est un assureur autobloquant.
Et s’il ne l’était pas parce que c’est du vieux matériel à l’UCPA ?
Julien, ça fait trois jours qu’elle t’assure et elle n’a jamais lâché la corde.
Julien, tu boucles.
Je m’en fous, je vais descendre, de toute façon on s’en fout d’aller mettre la corde au relais. C’est juste une histoire d’égo, et moi j’ai pas d’égo. De toute façon c’est fini les vacances sportives à la con, je vais désormais aller à la plage tous les étés.
Merde fais chier, j’ai quand même un égo et y a tout le monde qui me regarde en bas.
Je tente ma main là. A non, ça ne va jamais tenir, je vais lâcher. Je veux descendre, je déteste l’escalade !
Et si je retente là et que je mets le pied là… Ah bah ça monte tout seul. Voilà, je mets le mousqueton de la longue sur l’anneau du relais et je suis arrivé en haut. Putain j’adore l’escalade, c’était trop bon !
5 minutes à faire des nœuds au relais pour préparer la descente (Abe, sors de ce corps), et trente secondes plus tard, vingt cinq mètres plus bas:
“C’était génial, elle était trop bien cette voie ! Et t’as trop géré sur l’assurage Camille, t’es parfaite. J’adore grimper avec toi. On en refait une ? “
L’escalade, son adrénaline, ses endorphines, et son ascenseur émotionnel.