La nébuleuse du crabe (M1)
La nébuleuse du Crabe, notée M1 dans le catalogue de Messier, est le vestige d’une supernova observée depuis la Terre en l’an 1054. Elle se situe dans la constellation du Taureau, à environ 6 500 années-lumière. Son diamètre actuel atteint environ 11 années-lumière et elle continue de s’étendre à une vitesse moyenne de plus de 1 500 km/s, conséquence directe de l’explosion stellaire.
La nébuleuse du crabe (Julien Bourdette)
Cette nébuleuse est composée de filaments de gaz éjectés lors de la supernova, riches en hydrogène, hélium, carbone, oxygène, azote, fer et soufre. Ces matériaux forment un réseau complexe de structures filamentaires que l’on distingue dans l’image. Entre ces filaments, le gaz est fortement ionisé et brille sous l’effet du rayonnement intense émis par l’objet central.
Au cœur de la nébuleuse se trouve en effet une étoile à neutrons : le pulsar du Crabe. Résidu extrêmement compact de l’étoile initiale, il concentre environ 1,5 fois la masse du Soleil dans une sphère d’une vingtaine de kilomètres de diamètre. Ce pulsar tourne sur lui-même environ 30 fois par seconde et alimente la nébuleuse en énergie par son puissant champ magnétique et son vent de particules relativistes.
La nébuleuse du Crabe est ainsi un laboratoire naturel pour l’étude de l’évolution des restes de supernovae, des champs magnétiques extrêmes et de la dynamique des plasmas interstellaires. Elle illustre aussi le rôle de ces explosions dans l’enrichissement du milieu interstellaire en éléments lourds, indispensables à la formation des générations suivantes d’étoiles et de planètes.
L’explosion qui a donné naissance à la nébuleuse du Crabe fut observée sur Terre en juillet 1054. Les chroniqueurs chinois et japonais de l’époque rapportent l’apparition soudaine d’une « étoile invitée » dans la constellation du Taureau. Elle était si brillante qu’elle resta visible en plein jour pendant près de trois semaines et continua d’être observable à l’œil nu durant près de deux ans.
Des sources arabes et peut-être amérindiennes mentionnent également ce phénomène, ce qui confirme son caractère exceptionnel. Les astronomes médiévaux ignoraient sa nature, mais il s’agissait bien d’une supernova, l’explosion terminale d’une étoile massive. L’énergie libérée fut telle que la luminosité de l’événement dépassa celle de toutes les étoiles du ciel nocturne, rivalisant même avec l’éclat de Vénus.
J’ai fait une vidéo sur la découverte de cette supernova sur ma chaîne YouTube.
Cette photo a été réalisée par la Team Atria Observatory (Olivier D, Thierry H, Frédéric L, Fabien T, David N, Julien B) de notre observatoire au Chili.